Si Bornéo fait figure de petit poucet dans le secteur de la livraison de repas, l’application lyonnaise emporte l’adhésion des restaurateurs du Puy-en-Velay. Explications.
Demander à un restaurateur ponot si ses plats cuisinés sont livrés à domicile, c’est mettre une pièce dans la machine : chaque fois, la réponse vire à la promo pour Bornéo.
Qu’est-ce que cette application, du nom d’une île, pour laquelle les professionnels locaux jouent les publicitaires ? Commençons par ce qu’elle n’est pas : une énième plateforme pour commander des repas.
« Équitabilité et transparence »
Bornéo se veut différente. Elle se présente comme « une alternative » au leader du secteur, résument ses fondateurs, Hugo Ribiere et Elyas Hamadache. Estampillée produit lyonnais, la société, créée en 2020 (1), mise sur « des valeurs sociales » – que sont « l’équitabilité et la transparence » – pour se démarquer dans un milieu que les deux entrepreneurs jugent « chaotique » et « opaque ».
Sur fond de mouvements de protestation des livreurs Uber Eats et Deliveroo, qui revendiquent une plus juste rémunération, les arguments de Bornéo trouvent un écho favorable, jusque dans la cité ponote, où l’application opère une percée remarquée depuis le printemps dernier.
En l’espace de quelques mois, portées par le bouche-à-oreille, les « valeurs » de l’application ont conquis plusieurs restaurateurs « indépendants », portant à « une vingtaine » le nombre d’établissements référencés sur la plateforme.
Le restaurant Gabélia, situé au cœur du Puy, est l’un des derniers à avoir adhéré, à l’occasion du lancement de la vente en ligne que le gérant s’est résolu à développer pour répondre aux attentes des ménages qui conservent, post-Covid, un goût prononcé pour la livraison à domicile. Son commerce n’étant référencé que depuis une quinzaine de jours, Alexandre Obrier se garde bien de juger de la qualité du service, mais confirme avoir été séduit « par le concept » de « la petite entreprise locale », à taille humaine. Un concept dont les restaurateurs mesurent les bénéfices, sans délai.
S’ils font la publicité de Bornéo, allant jusqu’à « glisser des flyers dans les commandes d’Uber Eats », c’est parce que les valeurs prônées par la société lyonnaise sont suivies d’effets sur le porte-monnaie des professionnels et de leur clientèle. « C’est plus rentable pour nous et pour elle », assure Olivier Clémençon. Cela fait un an que le co-gérant de Coco & Rico utilise Bornéo et se satisfait de voir que les prix affichés sur l’application « sont les mêmes qu’au restaurant ». Grâce notamment à une commission jugée « dérisoire ».
« C’est plus rentable pour nous et pour la clientèle »
Elle est de 5 % pour l’entreprise bleu, blanc, rouge, contre « 36 % » sur l’une des plateformes anglo-saxonnes. Autrement dit, lorsque le patron du Father & Son propose un tacos à 8,80 € dans son établissement, le même « est revendu 11 € » sur la plateforme du géant du marché. « Moi, reprend Younès Essebah, je perçois 7 € ». Avec Bornéo, la marge du restaurateur est un peu plus préservée. Et sa clientèle, elle, peut se satisfaire de payer « les vrais prix » des produits à la carte de l’établissement.
Reste à régler la question des frais de livraison (fonction de la durée du trajet). S’ils « peuvent sembler plus chers », consentent les fondateurs de Bornéo, en bout de course, ils assureraient « une meilleure rémunération (entre 18 et 20 € de l’heure brut, en moyenne, NDLR) » aux six livreurs qui acheminent les plats cuisinés à travers la cité ponote (2). « Sur une pizza, imagent Hugo Ribiere et Elyas Hamadache, qui ont fait d’une plus équitable répartition leur « combat », ils auront une plus grosse part ». Une part au montant « transparent » pour le consommateur.
Quant à savoir si Bornéo va supplanter ses rivaux et engloutir le gâteau, la probabilité est faible, pour ne pas dire nulle. Car bien qu’elle ait les faveurs des restaurateurs, l’application n’a pas la force de frappe de ses concurrents jugés irremplaçables par monts et par vaux.
Ophélie Crémillieux
(1) L’application a été déployée au Puy, l’année suivante.
(2) Les livreurs jouissent d’un revenu minimum même lorsqu’ils se rendent disponibles, mais que leurs services ne sont pas sollicités par la population.
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