Œuf géant, éléphant de 5 kg ou plante piranha… coup d’œil sur le parcours de ces œuvres monumentales confectionnées par les chocolatiers du Puy pour ce week-end pascal.
Depuis lundi, « c’est le rush » dans les pâtisseries-chocolateries du Puy. À l’approche du week-end pascal, chacun vient chercher ses poules, œufs, cloches, lapins et autres poissons, pour les lâcher dans la nature le temps d’une chasse au trésor enfantine, avant de n’en faire qu’une bouchée.
Respectée – quasi – à la lettre depuis des siècles, la tradition du chocolat de Pâques reste « très ancrée », bien qu’elle ait un peu perdu de son sens premier. Et, avec elle, une autre coutume perdure.
Au Cyrano, pour attirer l’attention, Philippe Savelon a misé, non pas sur la taille, mais sur le poids de sa création qu’il fait deviner dans le cadre d’un jeu concours. Le gagnant remportera le ballon garni réalisé « en clin d’œil à l’Euro » et des entrées pour le zoo de Beauval.
« Montrer notre savoir-faire »
Chaque année, les chocolatiers de la cité ponote – elle en compte une petite dizaine – confectionnent des œuvres taillées sur-mesure pour cette fête, gage de recettes, qu’ils préparent des mois à l’avance. À cette occasion, leur créativité donne naissance à des sculptures chocolatées, gourmandes et monumentales, que les professionnels exposent dans leurs commerces.
En vitrine, celles de Didier Rix ne passent pas inaperçues… et c’est l’idée. Incontestablement, « elles attirent l’œil » des amateurs de chocolat qui déambulent dans la rue Saint-Gilles. Toutes bariolées de rouge, de bleu ou de vert, ces pièces à l’effigie des personnages de Super Mario (il y a le plombier bien sûr, mais aussi le champignon Toad, la plante piranha et une bob-omb) mettent le commerce au diapason et jouent, sur le devant de la scène, un rôle capital. « Elles annoncent d’emblée la couleur », commente le maître-artisan. Ou plus exactement, le thème décliné cette année, jusque sur les étiquettes de la pâtisserie Rix. « Chacun des sujets en vitrine a ses répliques, en miniature », indique le professionnel. Objectif : déclencher le coup de cœur des consommateurs en quête de chocolats plus originaux que les indémodables apportés par les cloches.
Si les chocolatiers laissent s’exprimer leur créativité pour se démarquer, force est de constater que les grands « classiques » que sont poules, cloches, lapins et poissons, ont encore et toujours les faveurs des amateurs de chocolats.
Ces créations hors normes sont aussi, pour les chocolatiers, un moyen de « montrer notre savoir-faire et de nous différencier ainsi des grandes surfaces », dans lesquelles les chocolats ont fait leur entrée très précocement, complète Yann Sabot qui, comme son voisin de la rue Saint-Gilles, s’est inspiré d’une thématique.
Et ce travail de réflexion autour « des sources des grands chocolats, et notamment la Côte d’Ivoire », a pris forme sur les étals, où trônent, en ce week-end pascal, masques africains géants (environ 180 € pièce) et animaux de la savane. Chacun des deux masques, affichant 2,3 kg sur la balance, a nécessité « 5 à 6 heures » de minutie, « davantage pour l’éléphant », une belle bête de « plus de 5 kg », détaille le président du syndicat des pâtissiers de la Haute-Loire, rappelant que ces œuvres d’art ne servent pas qu’à « décorer les vitrines ». Elles se vendent !
Pour célébrer la fin du carême, des œufs de poule étaient offerts à l’occasion du dimanche pascal qui commémore la résurrection de Jésus. D’abord décorées, les coquilles ont ensuite été garnies de chocolat à partir du XVIIIe siècle, avant de disparaître pour laisser place à des œufs tout en chocolat. Indémodables, ils ont été rejoints par les poules, les cloches et les lapins…
Le couple à la tête de la chocolaterie Au Carré croquant, située rue Saint-Jacques, a été le premier surpris de constater que ces chocolats géants ont leur public, au sein de la cité ponote. « Quand on a ouvert, la première année (en 2020, NDLR), on a réalisé une pièce, avec des dizaines et des dizaines de plumes collées sur l’œuf, raconte Émilie Rousset. On y a passé des heures et un client nous a demandés si on la vendait, mais elle était intransportable et donc, impossible. Depuis, on fait en sorte qu’elles le soient ».
« Pour les familles nombreuses »
Ces dernières années, trois sculptures ont ainsi quitté le nid pour rejoindre de grandes tablées. « Les familles nombreuses, qui ont pour habitude de se réunir à Pâques, s’y retrouvent côté prix, poursuit la jeune femme. Elles achètent une grosse pièce plutôt que de multiplier les achats pour chacun des enfants et des petits-enfants ». En prime, avec un œuf géant à casser au centre de la table, le spectacle est à coup sûr grandiose. Celui de 3,760 kg qu’a confectionné, cette année, le couple de chocolatiers, n’a pas encore migré vers un nouvel horizon. S’il ne trouve pas preneur, son sort ne sera pas moins funeste que celui qui lui était réservé. Il ne sera ni mangé par ses créateurs, ni jeté à la poubelle, mais retransformé. « L’avantage avec le chocolat, c’est qu’on peut le refondre presque à volonté, indique Jérémie Segala. Il servira ainsi à fabriquer la prochaine pièce ».
Dans la plupart des chocolateries du Puy, les œuvres monumentales ne sont pas visibles en vitrine. Et pour cause, cette exposition sur le devant de la scène, bien qu’idéale pour faire fondre les consommateurs, présente un risque non négligeable. Un rayon de soleil sur la vitre et c’est le coup de massue assuré ! Au Carré croquant, l’œuf géant de 3,760 kg, avec son joli lapin et sa poule au profil plus moderne, est à l’abri de toute agression, protégé par des plaques en plexiglass.
Ophélie Crémillieux
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