A elle seule, la phrase du Président du Puy Foot, Christophe Gauthier dit tout de cette rencontre: « C’est la première « vraie » épopée de Coupe de France ! » Un cri du cœur pour replacer dans le contexte les deux précédents exploits, certes majuscules – élimination de Lorient et Nice, deux clubs de Ligue 1 sur le même score, 1-0 en mars 2021 et janvier 2023 – mais peu suivis d’effets : le premier avait vu les Ponots s’incliner au tour suivant face à Rumilly (N2): « C’était l’année Covid, sans le public… » se souvient le président ; le deuxième avait vu le soufflé aussi vite retomber à cause « d’une météo exécrable, un dimanche soir face à Vierzon, une équipe moins forte », souffle-t-il encore avec le souvenir d’une séance de tirs au but manquées (0-0, 3 tab 5).
Le Puy-Rennes, c’est donc « Le » rendez-vous qu’il a coché sur son agenda: « Le 29 février à Geoffroy-Guichard, avec tout le peuple altiligérien derrière nous », lance Christophe Gauthier. Et c’est en quart de finale, l’échelon le plus haut à ce jour atteint par le club, pourtant régulièrement cité dans la Coupe de France, en mode « hivernale ». Car Le Puy, pêle-mêle, n’affiche aucune fausse note dans les tours de l’automne: 22 éliminations (sur 22) depuis 2017, des clubs de district ou de régional qu’il a affrontés ; six participations en 32eme de finale sur les sept dernières saisons ; les éliminations de tous les clubs professionnels affrontés (Lorient, Nice, Dunkerque, Laval… entre autres). De quoi vous classer parmi les « spécialistes » parmi les clubs amateurs, de la Coupe de France, qui s’est aussi écrite au féminin il y a quinze jours avec pour la formation de 3ème division, une élimination honorable (0-4) en quart de finale face au PSG.
Le Puy à Saint-Etienne, longtemps un record
A deux (très) grosses heures de Lyon et de Clermont, à soixante bonnes minutes de Saint-Etienne, Le Puy fait aussi renaître un passé très présent dans la région, quand la préfecture de la Haute-Loire dénote déjà dans le paysage du football français en évoluant en… deuxième division. Reste par exemple, longtemps dans l’histoire de cet échelon, le record de spectateurs pour un match de championnat, un derby qui plus est, à… Saint-Etienne (42.584), un soir d’été 1985 (23 août). Il faudra attendre le 10 mars 1999 pour que ce chiffre soit effacé des tablettes, avec un match du Red Star face à Saint-Etienne, disputé au Stade de France (48.023). Ce qui fait dire à Stéphane Dief, l’actuel entraîneur: « Il y a une vraie culture football ici. » Avec ses hauts et ses bas : une longue descente jusqu’en division régional en 1991, une lente reconstruction et désormais une alternance entre National et National 2, avec accession 2019 et 2022, suivie immédiatement d’une relégation en National 2 en 2020 et 2023.
Dans cette période où l’ascenseur sportif fonctionne en mode « yoyo », l’ascenseur « émotionnel » lui joue à plein: « C’est très jouissif de battre des records, avoue Jules Meyer, double buteur au tour précédent. Il faut en profiter et jouer à fond. Dans la rue, on m’arrête et on me dit: « Ah, c’est toi qui a marqué! » Je suis très fier de cela. Cela fait chaud au cœur. Cela apporte de la visibilité et de l’engouement. » Et de « nouveaux amis »! « Des gens que je ne connais pas me demandent des maillots, explique encore le buteur ponot. Mais je n’en ai pas tant que cela! A Clermont, à « Sainté » (St-Etienne) et au Puy, beaucoup de monde nous suit. On fait du foot pour cela pour avoir du public avec nous. On en demande toujours plus. »
Placer Le Puy sur la carte de France
Et cela dépasse les limites du département de Haute-Loire et ses 230.000 habitants : « Cette Coupe de France permet de positionner le Puy en Velay sur la carte de France, appuie Christophe Gauthier. Ce n’était pas gagné, car il y a beaucoup de « Puy » en France : le Puy du Fou, le Puy Mary. Là, c’est le Puy en Velay : c’est une chance pour la ville et le département. L’image n’est pas dégradée, au contraire. Et surtout, ce n’est pas cher! »
D’ailleurs en parlant de « pas cher » et donc d’argent, que va rapporter cette aventure 2024 ? « Je ne peux vous le dire, il faut attendre que ce soit fini mais cela nous donne une saveur particulière pour l’avenir », répond, malin, le patron du club, par ailleurs grand chef d’entreprise reconnu dans le département, lui qui a repris l’entreprise familiale de menuiserie, fondée par son père en 1959. Mais le gestionnaire des finances du club peut d’ores et déjà se frotter les mains : au moins 218.000 euros vont rentrer dans les caisses, en guise de droits TV de la compétition, déjà garantis aux 8èmes de finalistes. Sans compter les recettes au stade même si Dunkerque (5.000 euros) et Laval (8.000 euros) ont pris leur part de la billetterie pour couvrir leur frais de déplacements. Mais c’est sans compter sur les 20.000 euros de bénéfices sur le 16e face à Dunkerque et sûrement, un peu plus face à Laval pour le record de spectateurs à « Massot », le stade implanté au cœur de la ville sous la protection de la vierge noire, qui domine la ville.
La manne Coupe de France pour structurer le club
Pour tenter de savoir ce qu’il fera de cet argent, il faut se reporter aux précédentes aventures, même si elles s’arrêtent au tour précédent. De l’argent est quand même arrivé sur les comptes: « Les sommes avaient aidé à sauver quelques situations », commente Christophe Gauthier. Comprenez : un déficit structurel que cette manne bienvenue a permis de combler. Et maintenant que le banquier du club peut mieux dormir, place est faite à l’étape suivante dans une année où l’autre Coupe de France (féminine) a amené le Puy au même stade face au PSG: « Je sais déjà que cela va nous amener des licenciées en plus. Il va donc falloir encore plus se structurer », résume Christophe Gauthier.
Ne pas faire partir en fumée les dividendes de « Dame Coupe », les dirigeants le martèlent lors de toutes les interviewes en évoquant les chèques faits par la FFF à l’issue, par exemple, du 16e de finale de 2023 ou eu 8eme de 2021 aux alentours de 170.000 euros à chaque fois. Ainsi, même si ce n’est pas encore décidé, mais potentiellement, une partie de la recette 2024 (déjà au minimum 218.000 euros) servira à « acheter des ballons, des outils d’entraînements » (C. Gauthier, le président) ou « peut-être d’envisager de donner plus d’heures de soins kiné aux équipes ou de rassembler des nouveaux projets de terrains car les nôtres sont éclatés sur la ville. Il y a pas mal de choses à faire évoluer », souligne Olivier Miannay, le manageur général.
Geoffroy-Guichard, le choix du coeur
Autre atout de cette épopée 2024, donner du plaisir aux supporteurs. Ainsi, le club a privilégié la délocalisation à Geoffroy-Guichard dont le coût tenu secret mais qui dépasse allègrement les 200.000 euros, malgré un geste de Saint-Etienne Métropole, gestionnaire du stade stéphanois. « Le choix financier, c’était d’aller à Rennes, insiste Christophe Gauthier. Le choix du cœur, c’était St-Etienne. » Bien aidé aussi par les collectivités, notamment par la Région Auvergne – Rhône- Alpes, gérée par … Laurent Wauquiez ancien maire du Puy, qui a apporté sa caution financière dans l’opération et va doper la publicité dans « son » département et permettre l’acheminement de nombreux bus vers St-Etienne. Au rythme des premières réservations – 14.000 en 24 heures, le 18 février dernier pour atteindre 23.000 deux jours plus tard– le stade ne va pas sonner creux. Et le pari financier – opération équilibrée à 15.000 billets vendus – sera gagnant. Et peut-être autant que si le match avait été mis à Rennes, ce qui leur garantissait 200.000 euros de recettes …
Et ce plaisir, les joueurs vont en prendre dès l’avant-match : « Nous sommes très fiers de chacun de nous, avoue Jules Meyer. Et quel « kiff » de jouer à Geoffroy-Guichard. Cela m’a fait chaud au cœur. Petit, j’étais supporteur des Verts, puis ramasseur de balles. » Il oublie aussi qu’il est passé par le centre de formation de « son » club dans « sa » ville de naissance.
Après Lorient et Nice, un autre club de Ligue 1 à la trappe?
Une coupe de France qui a « révélé » l’équipe à elle-même, juge son entraîneur Stéphane Dief : « Au début, elle nous a apporté de la confiance à l’automne quand nous n’en avions pas trop en championnat. Les matches des premiers tours nous ont permis de marquer des buts et nous a permis de poser des bases de jeu. Cela nous a généré de la confiance, de l’enthousiasme et cela nous amène le public avec nous. »
Résultat, en huit matches disputés depuis le 4ème tour, le 29 septembre, date d’entrée des clubs de N2, Le Puy Foot a inscrit 42 buts, dont… 19 lors du premier face au voisin d’Aurec, équipe de 1ère division de district puis 9 au tour suivant à Aulnat, autre formation de district du Puy de Dôme.
Mais pas question de s’enflammer : « Cela reste éphémère, cette mise en lumière, rappelle le technicien ponot. A l’instant T, cela génère une image positive. Mais de là en faire une force dans le futur, cela parait compliqué. Il faut profiter de l’instant, sans s’égarer. » Son joueur complète : « Notre chance est faible mais nous allons la jouer à fond, estime Jules Meyer. Ce sera une belle expérience. C’est un match de compétition qu’il faut gagner en donnant une belle image aux gens, avec humilité et en gardant nos principes de jeu. » Et leur « boss », Christophe Gauthier de conclure : « On profite du moment, car on sait que tous les clubs sont sortis grandi des épopées. »
Le parcours du Puy:
4ème tour: 29 septembre, Aurec (D1) – Le Puy : 0-19
5ème tour: 15 octobre, Aulant (D2) – Le Puy : 0-9
6ème tour: 28 octobre, Le Puy – Chassieu : 3-0
7ème tour: 19 novembre, Seyssins (Isère, D1) – Le Puy : 0-2
8ème tour: 10 décembre, Chaponnay-Marennes (R2) – Le Puy : 0-3
32ème de finale: 6 janvier 2024, La Duchère (N3) : 1-2
16ème de finale: 20 janvier 2024, Dunkerque (L2) : 2-1
8ème de finale: 7 février 2024, Laval (L2) : 2-1
Article original publié sur RMC Sport
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