Pedro de Los Santos a coiffé, durant des décennies, des centaines de Ponotes. Mais l’homme était bien plus qu’un passionné de coiffure, il était aussi amateur d’art et de patrimoine. Il est décédé à 75 ans.
C’est une figure familière et un personnage pittoresque qui s’est éteint dans la nuit de mercredi à jeudi : Pedro de Los Santos est décédé à l’âge de 75 ans.
Pour tous, proches ou lointains, il était tout simplement « Pedro », un homme tout à la fois excentrique et chaleureux – des traits de caractère qu’il devait probablement à ses racines espagnoles.
Pedro de Los Santos a vu le jour le 12 janvier 1949 à Huesca, dans le nord de l’Espagne. Sa famille, issue d’un milieu simple, a fui le régime de Franco et a émigré en France. Il avait 6 ans lorsqu’elle s’est installée au Puy-en-Velay.
Il se tourne vers la coiffure et ouvre un premier salon rue Porte-Aiguière dans les années 1970 (aujourd’hui l’emplacement est occupé par le bureau de tabac). Le succès ne tarde pas. Il ouvre un second salon – ce sera le plus important – dans le quartier de Saint-Laurent, et s’associe à Denis, une autre figure du monde de la coiffure, dans les années 1980. « Ils avaient le plus gros salon de coiffure de France à l’époque », se souvient son fils, Pierre.
Invité par Pedro de Los Santos, le peintre avait résidé au Puy et exposé avec Louise Delorme
Avec sa kyrielle d’employés, sa clientèle nombreuse qui venait parfois de loin, essentiellement féminine, le salon se taille une belle réputation et devient un lieu de vie exubérant marqué par la personnalité des deux coiffeurs.
Tous les professionnels de la région se retrouvaient chez eux. Quant à la clientèle, elle venait aussi pour l’ambiance que « mettaient ces deux beaux gosses – définitivement sous le charme du beau blond et du beau brun ». D’ailleurs, on ne va pas chez le coiffeur, on va « chez Pedro et Denis ».
« Pedro et Denis étaient lookés, ils faisaient bouger les mentalités, ils étaient complètement dans l’air du temps et dans l’excentricité. Les gens venaient pour le show. Ils excellaient dans ce qu’ils faisaient », poursuit Pierre.
Au bout de cinq ans, ils se séparent. Pedro monte un nouveau salon à l’angle de la rue Saint-Jacques et de la place du Marché-Couvert (à l’emplacement de la brasserie 7 Instant). Son dernier salon est situé place du Plot, où il officie jusqu’à la retraite, au rez-de-chaussée de l’hôtel particulier où se trouve aujourd’hui l’une des agences du Crédit agricole.
« C’était un amoureux du Puy-en-Velay »
Car Pedro de Los Santos était aussi connu pour sa passion pour le patrimoine ; il avait rénové cet hôtel particulier qui menaçait de tomber en ruine. C’est d’ailleurs là qu’a été reçu le prince Albert de Monaco, lors de son déplacement en Haute-Loire dernièrement.
L’homme était aussi un grand amateur d’art ; il vivait entouré d’artistes et a fait profiter la ville de ses relations. Il ouvrait volontiers son hôtel particulier au public pour y présenter des expositions qui ont laissé leur empreinte dans les mémoires, notamment celles d’Alberto Carrera Blecua, natif comme lui de Huesca. On se souvient de l’hommage rendu à l’hôtel du lac de Fugères de la rue Cardinal-de-Polignac après le décès de l’artiste, en 2017. Pedro était aussi un proche du sculpteur Dominique Kaeppelin.
Enthousiasmé par les premières éditions du Roi de l’Oiseau, ami du metteur en scène Jean-Louis Roqueplan, il ouvrait grands ses portes, avec la générosité qui le caractérisait, aux invités lors des fêtes. « C’était un amoureux du Puy », résume son fils.
À l’heure de la retraite, à 62 ans, il partait vivre à Casablanca, au Maroc, durant 12 ans avant de revenir définitivement dans la cité mariale.
Pedro de Los Santos était marié à Jocelyne avec qui il a eu trois enfants, deux garçons et une fille. L’Éveil de la Haute-Loire présente ses plus sincères condoléances à sa famille et ses proches.
Nathalie Courtial
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