Les amateurs de football ont maintes fois assisté sur le petit écran aux fêtes suivant les victoires de l’équipe du Real sur la plaza de Cibeles, lieu emblématique du football à Madrid, en Espagne. Mais qui sait, en particulier au Puy-en-Velay, que les deux lions sur lesquels se perchent régulièrement les footballeurs sont l’œuvre d’un sculpteur né rue des Farges, au Puy ?
Une carrière espagnole
Robert Michel (1721-1786) est arrivé en Espagne en octobre 1740, à moins de 19 ans. Comme le démontre Isabelle Malfant-Masson, dans sa contribution aux Cahiers de la Haute-Loire, il était déjà maître-sculpteur au Puy, en février 1740. À son arrivée à Madrid, il a fait sensation en sculptant un colossal Père éternel pour la cathédrale de Murcie (œuvre qui est détruite dans un incendie en 1846).
Sa carrière ne s’est plus arrêtée. Il a sculpté de très nombreuses œuvres pour les palais royaux en reconstruction, pour les trois rois d’Espagne sous lesquels il a travaillé. Il a œuvré aussi pour nombre d’églises et de couvents espagnols. En 1775, il est nommé premier sculpteur de la Chambre du roi, c’est-à-dire sculpteur officiel du roi d’Espagne Charles III. Anobli, Don Roberto Michel est devenu, en 1785, peu de temps avant sa mort survenue le 31 janvier 1786, directeur général de l’Académie des Beaux-arts de Madrid.
Une immense exposition consacrée à son œuvre, son catalogue comprend 475 pages et 255 notices d’œuvres, intitulée Roberto Michel, escutor del Rey, a eu lieu en 2020 à Madrid. L’article d’Isabel Encinas Bodega et de Rafael Feria y Perez (respectivement commissaire de cette exposition et directeur du musée de la Monnaie de Madrid) dans les Cahiers de la Haute-Loire de cette année, publie un très grand nombre de photos d’œuvres de Robert Michel et notamment de superbes dessins, matière dans laquelle il excellait.
Du Puy à Madrid
Comment ce Ponot, né dans un quartier d’artisans et d’artistes proche de la cathédrale au sein d’une famille nombreuse et plutôt modeste, a-t-il pu terminer sa vie Grand d’Espagne ? Les contributions d’Isabelle Malfant-Masson et de David de Los Santos dans les Cahiers rectifient bien des erreurs ou des approximations d’érudits plus ou moins scrupuleux, en Velay comme en Espagne. Il n’est pas issu d’une lignée paternelle vellave, puisque son père, vitrier, était Vosgien, mais sa mère était Ponote bon teint, mariée en première noce à un Coquery, de la célèbre famille de serruriers. Il n’y a pas de doute qu’il était immensément doué et que son talent a été reconnu très tôt. L’Assomption de la Vierge de la cathédrale du Puy-en-Velay, initialement attribuée à Robert Michel, aujourd’hui donnée à Vaneau, sans preuves formelles
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Isabelle Malfant-Masson a retrouvé son contrat d’apprentissage daté d’octobre 1735 et qui n’avait jamais été publié. Placé en octobre 1735 pour 4 ans chez Mathieu Bonfils (1666-1741), maître-sculpteur, rue des Tables, l’équipe des Cahiers démontre que Robert Michel n’a pas pu aller au bout de cet apprentissage. Trop habile pour Bonfils, il a passé quelques mois chez Michel Perrache à Lyon. De là, il a travaillé dans des ateliers de sculpteurs dont l’identité est discutée : Dupont à Montpellier et Luquet à Toulouse. Entre-temps, il est noté comme maître-sculpteur au Puy, début 1740… à 18 ans.
Des traces au Puy ?
La carrière époustouflante de Robert Michel a probablement éclipsé le talent de son frère, Pierre (1728-1809), qu’il a fait venir à Madrid en 1748. Pierre a assisté son aîné tout au long de son parcours et lui a, le plus souvent, succédé à chaque fois qu’il quittait une fonction pour en prendre une plus prestigieuse. Il reste beaucoup à découvrir sur Pierre Michel, qui était aussi habile que son aîné. La rédaction des Cahiers y travaille et réserve encore de belles surprises…
Si des Ponots connaissent les frères Michel, c’est peut-être grâce à une plaque apposée sur le 46, rue Pannessac, une des plus belles demeures du Puy, dite « Maison des têtes ». « Cette plaque et le totem attenant datent cette façade de 1620 et l’attribuent aux frères Michel, nés un siècle plus tard. Cherchez l’erreur ! », note l’équipe des Cahiers. Dans un brillant article, Bernard Galland évacue l’attribution aux frères Michel et date, sur la base de ses éléments architecturaux, cette façade de 1650. « L’information publique concernant cette maison est donc à revoir… »La « Maison des têtes » au 46, rue Pannessac.
Enfin, un certain nombre d’œuvres à la Cathédrale ont été attribuées à Robert Michel au cours du XIXe siècle. Puis ces œuvres ont été données à Pierre Vaneau (1653-1694), sans preuves formelles et sur la base de critères stylistiques. Robert Michel était l’élève de Mathieu Bonfils, lui-même élève et beau-frère de Pierre Vaneau. L’équipe des Cahiers remet en discussion l’attribution à Vaneau de ces sculptures. Prudente, elle ne tranche pas, mais « appelle à des compléments de recherches ».
Ici, Les Cahiers de la Haute-Loire proposent un dossier passionnant qui fera découvrir à la plupart des lecteurs un compatriote méconnu qui est un des tout premiers artistes de renommée internationale nés au Puy-en-Velay.
En savoir plus. Les Cahiers de la Haute-Loire 2023 sont disponibles en librairie ou sur le site www.cahiersdelahauteloire.fr. Pour une découverte de l’œuvre de Robert Michel, la vidéo Roberto Michel, escultor del rey (19 mn) est en ligne.
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