La Maison de protection des familles, ouverte en septembre 2022 au sein de la caserne Romeuf au Puy, n’est pas un lieu d’accueil d’urgence, mais une unité spécialisée de la gendarmerie dans l’accueil des victimes de violences intrafamiliales à laquelle les militaires ont donné un peu plus de chaleur humaine.
Un ancien appartement de fonction réaménagé pour enquêter et faire des auditions
Les gendarmes de terrain dans leur ensemble sont formés pour auditionner toutes les victimes quel que soit le délit ou le crime. Mais ce n’est pas toujours évident d’entourer les plus fragiles dans le flux d’une activité opérationnelle.
« Les violences familiales sont devenues un contentieux de masse. Parfois un gendarme n’a pas toutes les clés pour traiter ce problème », selon le colonel Christophe Marboutin, commandant du groupement de gendarmerie de la Haute-Loire.
« Elles augmentent de 10 à 15 % par an au niveau national ».
le chef d’escadron Frédéric Bal (officier adjoint à la prévention au sein du même groupement)
Quand les faits sont graves, comme souvent dans les violences intrafamiliales, les gendarmes de tout le département font appel à la MPF, en tant que soutien spécialisé. Les enquêtrices formées spécifiquement ont réalisé environ 300 auditions depuis l’ouverture de la Maison l’an passé. Les deux tiers concernent le recueil de la parole des enfants ; le reste celle de femmes violentées, de personnes âgées ou handicapées. Ces victimes sont reçues dans un ancien appartement de fonction qui a été réaménagé pour enquêter et faire des auditions.
La salle d’accueil des victimes comprend une partie salon. Il y a un canapé, des livres, quelques jouets et, bientôt, le nécessaire pour pouvoir accueillir un nourrisson. Le mobilier dans sa grande majorité a été acheté et offert, entre autres, par les Soroptimist. « Ici on prend le temps de parler, explique l’adjudante Audrey Besset, responsable de la MPF de Haute-Loire. Cela permet de préparer l’audition qui va suivre. » Quand les enfants sont interrogés, l’échange est filmé pour ne pas avoir à reposer plusieurs fois les mêmes questions. « Nous avons une table en verre, cela permet de voir le langage corporel. »
En dehors de la caméra et du micro, peu d’éléments sont présents dans la pièce « pour éviter que l’attention des mineurs ne se disperse ». Il y a juste un tableau noir si un enfant refuse de parler et préfère s’exprimer à l’écrit et un livre qui présente l’anatomie de façon simplifiée « pour montrer les endroits du corps. » Si besoin, l’équipe peut procéder à la réquisition d’un médecin ou d’un gynécologue.
Les auditions peuvent être réalisées à tout moment du jour ou de la nuit, en fonction des déclarations des auteurs présumés dans le temps légal de la garde à vue. La quasi-totalité de l’activité de la MPF est judiciaire. Les 20 % restants concernent les opérations de prévention (addictions, harcèlement, usages numériques à risque…) et le travail de partenariats. Un axe qui va pouvoir monter en puissance grâce à l’arrivée de deux nouveaux gendarmes dans cette unité.
Céline Demars
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