Quelles que soient leurs motivations – religieuse, spirituelle… ou autre – les marcheurs venus de l’étranger représentent, selon plusieurs observateurs, un bon tiers de ce contingent.
D’ailleurs, qui, du côté d’Arthez par exemple, n’a pas vu de pèlerins asiatiques ? Ou un groupe de sexagénaires canadiens en marche sur les routes du nord-Béarn. Nous sommes allés à leur rencontre sur les voies d’Arles et du Puy-en-Velay, les plus prisées dans la région.
« Un vrai business »
Ainsi, à la « maison des pèlerins » d’Arthez-de-Béarn qui propose 15 couchages, l’affluence est réelle (2000 nuitées/an). « Depuis le 1er avril, on a déjà vu passer 5 à 6 000 personnes », confirme René Nabarra, secrétaire général de la mairie qui gère « depuis une vingtaine d’années » cet établissement où on peut dormir pour 13 €.
Il n’hésite pas à évoquer « un vrai business avec même « des sortes de tours opérators » suspectés d’avoir « flairé le bon filon ».
À ses yeux, ce succès populaire, déclinable dans de nombreuses langues, tient à plusieurs raisons, à la fois simples et variées. « On sent qu’il y a chez les gens une quête de spiritualité », complète René Nabarra, « mais il s’agit surtout d’une démarche sociétale, d’un retour à des choses simples ».
« On sent qu’il y a chez les gens une quête de spiritualité »
Nathalie, l’agent de la collectivité en charge du site, note toutefois que « le niveau d’exigence est plus élevé. Pour 13€, certains s’attendent à avoir le confort d’un trois étoiles ! »
Afin de trouver un cadre plus chatoyant, mieux vaut cheminer du côté de Larreule. Dans ce bourg de même pas 200 âmes, situé sur le territoire des Luys-en-Béarn, la souriante Patricia Bourda soigne l’accueil des pèlerins depuis une décennie au sein de « l’Escale », un joli corps de ferme retapé.
Ici, les animaux, le tutoiement et la bonne humeur règnent en maîtres. Accessibles toute l’année, 19 couchages, avec des prix (en demi-pension) allant de 37€ à 52€, sont proposés aux marcheurs qui, au bout de leur effort, apprécient souvent la piscine. Entre carottes râpées et citronnade proposée à la cantonade, Patricia ne boude jamais son plaisir.
Notant qu’il y a « beaucoup de femmes seules, qui marchent en groupes », elle apprécie également de voir « toutes les classes sociales se mélanger ».
Seulement au cours des derniers jours, « brésiliens, allemands, québécois, coréens » se sont succédé à Larreule, sur un rythme soutenu. Et si la langue est, parfois, un obstacle, un sourire règle généralement les problèmes d’intendance.
« Un outil de com, aussi »
On a également pu constater que les chemins de Saint-Jacques ont, au moins, une autre vertu. Ils jouent en quelque sorte un rôle d’outil de communication pour les petites communes béarnaises dotées de gîtes, publics ou gérés par des privés.
Ainsi, dans les bourgades de Lacommande et Sauvelade – soit 450 habitants… en tout – tous les acteurs locaux que nous avons interrogés se félicitent. « Cette activité participe à la vie du village », souligne sobrement Nathalie Dupleix, maire de la première localité et gestionnaire des 6 couchages de « La halte Saint-Jacques » (un site départemental).
« Ça génère du commerce », abonde Nadine Chades, du côté de Sauvelade. « Chez nous, le restaurant situé juste à côté travaille grâce au gîte («Le petit Laà » ; 18 lits), plein tous les soirs depuis le mois de Mai. Et on peut dire que cela aide à faire connaître la commune, c’est comme un outil de communication ».
L’an dernier, 2000 personnes ont passé au moins une nuit (à 14€) sur place. Dans ces deux cas, et comme à Arthez, les visiteurs ponctuels arrivent d’horizons divers, et pour des raisons multiples.
« Je crois que l’aspect religieux est finalement assez peu important », a observé Nathalie Dupleix. « Il y a aussi le côté sportif, comme un challenge personnel. Et puis, les chemins donnent l’occasion de s’offrir un dépaysement à moindres frais ».
Nadine Chades, qui a « rarement vu autant d’Allemands, d’Américains et même des Chinois cette année », ne dit pas autre chose : « Des pèlerins nous racontent qu’ils ont réfléchi pendant l’épidémie de Covid. Aujourd’hui, ils ont des envies de nature ».
« Un immense club de marche ! »
« Bière, douche et lessive »… dans n’importe quel ordre ! Tel est le triptyque de tout pèlerin, au terme d’une journée de marche, selon Michel, 68 ans. D’après ce retraité, qui avance « seul » depuis le Puy-en-Velay, et rencontré au gîte d’Arthez, les chemins de Saint-Jacques imposent quelques rituels dans ce genre. Le souriant bonhomme s’y plie de bonne grâce, d’autant qu’il apprécie d’évoluer, jour après jour, à raison de 30 kms quotidiens environ, « comme dans une sorte de bulle ». En fait, « ce pèlerinage, et sans parler de l’aspect spirituel, c’est comme un immense club de marche ! », complète Michel en évoquant « une sorte de consensus. »
Un club aux dimensions internationales puisque, seulement ces derniers jours, il a croisé « des Norvégiens, canadiens, un couple de suisses allemands, et même des Lettons ! ». Sans pour autant nouer « des amitiés durables », déplore-t-il, un peu. Comme lui, Joseph et Renata, un couple de septuagénaires flamands, dépensent « à peu près 50€ par jour, chacun ». Depuis 6 ans, ils reviennent régulièrement sur les chemins de Saint-Jacques, « pour le calme, les rencontres qu’on peut faire et, aussi, un peu l’aspect religieux important pour nous deux ». « Voilà pourquoi ce ne sont pas des vacances tout à fait comme les autres », estime Joseph.
Bière en main, au comptoir du gîte de Larreule, Laurent, 65 ans, ne le contredit pas… Parti avec son beau-frère, qui depuis a déclaré forfait, ce Tourangeau tutoie tout le monde comme le veut « la coutume entre pèlerins ». Il s’arrêtera à Saint-Jean-Pied de Port. « Encore 120 kilomètres ! » a-t-il calculé, avant de retrouver sa femme. « Je suis là car, comme elle travaille encore, j’ai le droit de venir faire le chemin », s’amuse cet homme boute-en-train qui n’a pas oublié les engagements pris envers sa compagne. Ils sont au nombre de deux : « Je lui envoie une carte postale tous les jours et, une fois rentré, nous partirons pour un voyage de 15 jours à moto » Avant de reprendre, en 2025, la route de Compostelle…
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