Sandra et Thomas, deux résidents en situation de handicap moteur et sensoriel d’un établissement d’accueil de l’association l’Abbé de l’épée au Puy-en-Velay, sont partis en randonnée dans la région d’Annecy. Une belle aventure humaine à l’initiative de Lou et Inès, deux salariées de la structure ponote. Une formidable expérience pour l’équipe et avec le soutien d’une association locale.
Moins de 24 heures après leur retour au Puy, les deux salariées de l’association l’Abbé de l’épée sont toujours sous le coup de l’émotion. « Objectif atteint à 2.000 % », lâche Inès Menaut, entre soulagement et euphorie. Elle est aide médico-psychologique (AMP) à l’établissement d’accueil médicalisé (EAM) Le Compostelle, que gère l’association sur les hauteurs du Puy-en-Velay. « Il n’y avait pas de problèmes, que des solutions ! Cela a été une belle leçon de vie », complète Lou Auffeuve, aide-soignante dans la structure.
La semaine dernière, sur trois jours, les deux jeunes femmes ont organisé, jusque dans les moindres détails, une handi-rando pour deux des douze résidents de la structure : Sandra Leloup et Thomas Goiffon. Ils sont tous deux atteints de troubles moteurs et de déficience auditive. Ils arrivent à s’exprimer, mais difficilement. Si Thomas balbutie quelques mots, Sandra communique uniquement par gestes. « Ils ont en revanche développé bien d’autres sens et ressentent de nombreuses émotions. Ce sont des éponges émotionnelles », constate Inès.
Essayer de changer le regard sur le handicap moteur et sensoriel
En juillet 2023, au retour d’un camp estival, l’idée a germé dans l’esprit des deux salariées de l’Abbé de l’épée. « Nous sommes sans cesse confrontées au regard des gens lorsque nous les accompagnons. De ce constat, nous nous sommes interrogées sur ce que nous pouvions faire pour essayer de changer le regard sur le handicap moteur et sensoriel. Thomas est né comme ça, mais c’est un garçon solaire ! Il sourit tout le temps ! C’est justement pour cela que nous voulions essayer d’aller au-delà du fauteuil roulant : faire de l’inclusion positive ! On a envie que l’on parle du handicap différemment. » Une façon de combattre les a priori, les préjugés et une certaine vision du handicap, bien souvent issus d’une méconnaissance.
Grâce à la confiance des cadres de l’EAM Le Compostelle, elles ont ainsi pu mettre sur pied cette handi-rando en Haute-Savoie. Au programme : découverte et visite de la ville d’Annecy et, surtout, randonnée autour du lac en hippocampe, un véhicule original sur trois roues, permettant de passer à peu près partout. « Il est surtout beaucoup plus maniable et léger qu’un fauteuil roulant, et plus simple à utiliser qu’une joëlette ».
Mardi dernier au Puy-en-Velay, devant l’EAM Le Compostelle, à l’heure de monter dans le minibus, en présence des responsables de la structure. Photo Lionel Ciochetto
Les deux hippocampes ont été fournis par une association partenaire de leur randonnée, Handi lac et montagnes, basée à Annecy. Il a aussi fallu trouver un logement adapté, organiser le transport, la gestion des repas… Dans leurs préparatifs, les deux salariées de l’Abbé de l’épée ont réussi à convaincre beaucoup de monde et à trouver des partenaires précieux. « Cela fait chaud au cœur, car on a senti que notre projet a du sens ! »
S’adapter à leur condition physique et leur permettre de valoriser leurs capacités
Mardi dernier, les deux résidents accompagnés d’Inès et de Lou sont donc partis en direction d’Annecy. Ils ont retrouvé sur place les bénévoles de Handi lac et montagnes. Grâce aux hippocampes, Sandra et Thomas ont pu parcourir de nombreux kilomètres et profiter des paysages somptueux des bords du lac, notamment vers la baie d’Albigny, où ont été prises beaucoup de photos souvenir. « L’idée était de s’adapter à leur condition physique et leur permettre de valoriser leurs capacités ». Les valeurs que défend l’association l’Abbé de l’épée ont également pu être mises concrètement en application : solidarité, entraide, liberté individuelle et collective ou encore respect de la personne.
Vu leur enthousiasme et le succès de l’opération, Lou et Inès ont déjà dans un coin de leur tête l’envie de recommencer. « Forcément, on y pense… »
Lionel Ciochetto
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