« Le casse de l’été ? Sans doute. Celui du siècle dans l’histoire du grand banditisme en Haute-Loire ? Certainement. » C’est par ces mots que La Tribune – Le Progrès relate, dans son édition du jeudi 19 juillet 1984, le cambriolage perpétré, dans la nuit du mardi au mercredi, au sein d’une bijouterie de la rue Chaussade, en plein centre-ville du Puy-en-Velay. Un cambriolage vraisemblablement réalisé par des professionnels, « suffisamment bien préparé pour avoir des chances de réussir ».
Une razzia qui aura duré moins d’une minute
Le vol a été commis à 1 h 30 du matin. À cette heure-là, « un grand fracas de vitre brisée tire les habitants de leur sommeil et un hurleur se déclenche ». Les malfrats, qui ont garé leur BMW en travers de la rue, parviennent rapidement à faire sauter le système de verrouillage du rideau métallique qui ferme la devanture. Puis, avec une masse, ils font voler en éclats la glace blindée de la vitrine. Il ne reste plus qu’à se servir : bagues, gourmettes, alliances, colliers et autres diamants et perles… « L’opération aura duré tout au plus une minute. Une minute qui aura suffi pour que plusieurs dizaines de milliers de centimes de bijoux changent de propriétaire », écrit notre journaliste, Jean Verroul, relevant que l’équipée a mobilisé six ou sept individus particulièrement déterminés.
Des pierres pour repousser les curieux
Pendant que le casse est en cours, des voisins sortis à leurs fenêtres sont repoussés par les complices des casseurs. Ces derniers jettent des pierres en direction des curieux et leur intiment l’ordre de rentrer chez eux. Un commerçant de la rue sera d’ailleurs blessé à l’épaule après avoir été atteint par un des projectiles… Quelques instants plus tard, la voiture des cambrioleurs repart en trombe. Les casseurs se volatilisent dans la nuit.
Sans délais, la police est alertée. Mais il est déjà trop tard : les gardiens de la paix ne peuvent que constater les dégâts et mettre en sécurité quelques bijoux perdus dans la rue au moment de la fuite des casseurs. Suivie par un témoin, la BMW 525 des malfrats est identifiée mais elle conduit les enquêteurs sur une fausse piste : le véhicule a en réalité été volé au directeur régional des hypermarchés Rallye qui passait la nuit dans un hôtel du boulevard Alexandre-Clair.
Un « gang des bijoutiers » et une série de braquages de banques
Le casse de la bijouterie de la rue Chaussade, en plein mois de juillet, intervient après une série d’autres forfaits commis dans le département au cours des mois qui ont précédé.
Un an plus tôt, au mois de juillet 1983, une bijouterie était attaquée en pleine nuit dans le centre de Craponne-sur-Arzon : l’enseigne, située boulevard du Nord, voyait disparaître près de 250 000 francs de bijoux. L’enquête permettait de retrouver la BMW des braqueurs, abandonnée le long de la RD13 à Sembadel-Gare. Puis, un mois plus tard, un engin de terrassement déterrait les présentoirs qui avaient été enfouis dans une carrière entre Bellevue-la-Montagne et Vorey-sur-Arzon.
Dans les mois qui ont suivi le casse de Craponne-sur-Arzon, une bijouterie était également attaquée boulevard Saint-Louis au Puy-en-Velay. Là encore, la piste des malfrats conduisait les enquêteurs dans la région de Sembadel. Une autre tentative de vol avait été déjouée dans une bijouterie de la rue Saint-Gilles au Puy-en-Velay, ainsi que dans un commerce du boulevard Vercingétorix à Brioude.
Les investigations sont confiées au service régional de police judiciaire de Clermont-Ferrand. Mais l’enquête piétine. Elle permet seulement de mettre les inspecteurs sur la piste d’un « gang des bijoutiers ». « Un gang qui, à 1 h 30 ce mercredi de juillet 1984, n’a pas manqué son coup, réussissant un casse qui fera date dans les annales ». Les casseurs sont en effet repartis, cette nuit-là, avec un butin s’élevant à 430 000 francs.
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