« La Haute-Loire est un secteur très enraciné », reconnaît fièrement Matthieu Bourdilleau. Au point que ce quasi-quadragénaire est venu s’y installer voici quelques années, au milieu d’un grand terrain niché à 20 kilomètres au nord du Puy-en-Velay, bordant les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Marié et père de cinq enfants, cet amoureux du patrimoine s’est lancé dans un projet qui lui tient à cœur : installer un grand calvaire en bordure de chemin « pour fédérer les catholiques du secteur »… et tous les autres ! Un défi de taille qui a immédiatement suscité un engouement très fort dans la région.
La croix portée en procession
« Il faut être fier de sa foi », assure Matthieu Bourdilleau. Sa fierté, il la place dans cette grande croix de 5 mètres de haut sur 2 mètres de large, qu’il entend élever de manière à être largement visible par les passants. « Je viens d’une famille catholique de tradition, explique le père de famille. Ma conversion a été tardive. J’ai toujours été touché par le symbole de la croix. Avec elle, la grâce agit. » En novembre dernier, il présente son projet à Mgr Yves Baumgarten, évêque du Puy-en-Velay, qui se montre immédiatement enthousiaste et qui promet de l’aider. SOS Calvaires, qui se bat pour faire revivre les calvaires de France, s’engage à lui fournir la croix et le Christ qui y sera fixé. « Si tout avance comme prévu, nous aimerions installer ce calvaire en avril 2025, à l’occasion du prochain Jubilé annoncé par le pape, s’enthousiasme Matthieu Bourdilleau. L’évêque souhaite en faire un événement qui débutera par une messe d’action de grâce. Ensuite, la croix sera portée en procession à dos d’homme jusqu’à son socle, et Mgr Baumgarten donnera sa bénédiction. »
Un calvaire de cette taille implique des coûts importants. « Avec ma femme, nous prenons une partie des frais à notre compte. Pour le reste, nous avons mis en place une campagne de financement participatif avec Credofunding, sur quarante jours. En une semaine, nous avons récolté 1 400 euros. C’est un bon début, mais nos besoins sont importants. » Le bouche à oreille fait son œuvre. Le diocèse lance une grande campagne de communication pour sensibiliser fidèles et amoureux du patrimoine.
Poser des actes qui restent
« J’ai été très surpris par l’engouement que le projet a suscité, surtout chez les moins de 35 ans, admet le père de famille, très engagé dans le scoutisme et membre de la maîtrise de la cathédrale du Puy. Beaucoup se disent attachés à leur terroir, à leur région. Je reçois beaucoup d’encouragements de personnes qui ne fréquentent pas l’Eglise. » Les anciens lui assurent qu’il remet au goût du jour quelque chose qui n’a pas été fait depuis une centaine d’années dans la région. « Il y a tout de même beaucoup de calvaires qui bordent les chemins de Haute-Loire, reconnaît Matthieu Bourdilleau. Mais mon projet a ému de nombreuses personnes. Le calvaire les relie avec leur passé. »
Agriculteurs, voisinage, pèlerins et toutes les bonnes âmes de la région sont appelés à rejoindre cette démarche. « Dans ce coin de France, les églises sont aux trois-quarts vides, glisse le père de famille. Avec ce calvaire, je souhaite rendre l’Eglise plus accessible. C’est un projet qui parle à tout le monde, parce que dresser un calvaire, c’est poser des actes qui restent. » Même les jeunes de son club de sport qui ne se rendent plus à l’Eglise se portent volontaires pour l’aider. « Je me retrouve avec trop de volontaires pour bien peu de travail », lâche Matthieu Bourdilleau dans un rire. Dans un monde en constante mutation, « les jeunes ont besoin de ces actes qui font mémoire. Ils ont ce désir profond de laisser la marque d’un engagement. Le calvaire est la marque d’une présence », insiste-t-il.
Matthieu Bourdilleau réfléchit à d’autres projets similaires pour l’avenir. « J’aimerais mettre en place un bel oratoire en l’honneur de la Vierge Marie. » Créer une dynamique, dans un secteur trop souvent oublié. C’est ce qui anime ce père de famille qui a le souci des prochaines générations. « Il faut être fier de sa foi, martèle-t-il. Les jeunes ont besoin de s’exprimer dans des actes qui les transcendent. »
Une cagnotte en ligne pour la réalisation de ce projet est disponible à cette adresse, sur credofunding : Mission en famille : bâtir un calvaire pour mettre le Christ à la croisée des chemins ! (credofunding.fr)
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