Nous nous retrouvons en visioconférence un après-midi d’octobre. Sur l’écran, Joachim Leyronnas, 34 ans, nous accueille tout sourire. Derrière lui, un crucifix en bois trône au milieu des poutres qui habillent le toit en sous-pente. « Mon bureau est une ancienne bergerie », nous explique ce père de famille qui a élu domicile « dans un ancien moulin au fond des bois en Haute-Loire. »
C’est là que le comédien prépare ses prochains spectacles. Des one-man-shows pour tous les publics, qu’il donne dans les paroisses ou les établissements scolaires un peu partout en France. Il y raconte la vie des saints des régions qu’il traverse, comme saint Jean-François Régis, qui a œuvré au Puy-en-Velay ou saint Bénilde originaire du Puy-de-Dôme, mais aussi des témoins de la foi plus connus comme saints Charles de Foucauld ou Martin de Tours. Un talent de comédien associé à une passion pour l’Histoire de France, le tout habité d’une foi profonde.
« Mes parents m’ont transmis la foi », confie Joachim. Cette conviction le pousse à ouvrir, en 2011, une librairie religieuse à Saint-Valery sur Somme, petite ville touristique du littoral picard où il a grandi. Pour attirer la clientèle trop rare, le jeune homme transforme l’espace en musée de dinosaures et d’animaux en résine, tout en conservant un passage obligé vers l’espace librairie.
Une réussite, qui illustre sa persévérance et sa créativité. « Je vais jusqu’au bout, c’est ma nature. J’ai toujours eu des projets, des idées », relit Joachim qui s’oriente alors vers les spectacles seul-en-scène à travers la Somme pour conter l’histoire de Napoléon ou la guerre 1914-1918. Scénario, illustrations projetées sur écran, chansons… Ce surdoué s’occupe de tout. Les spectacles durent une heure, connaissent un petit succès mais au moins, il se fait la main. Cette dynamique va prendre un tournant décisif en 2017.
Appelé à raconter la vie des saints
Cette année-là, à l’occasion de son déménagement au Puy-en-Velay, région qu’il connaît depuis l’enfance, Joachim fait « une rencontre personnelle avec le Christ par l’intermédiaire de Notre-Dame du Puy ». « Je suis alors passé d’une foi passive à une foi vivante et agissante », analyse le comédien qui décide de « la transmettre et d’évangéliser ».
« J’ai pris un petit local et commencé à y développer des spectacles. Je sentais qu’il fallait que je fasse en plus la vie des saints », se souvient le jeune homme devenu amoureux de la Haute-Loire « pour sa population, sa culture et son territoire… ». C’est là qu’il a trouvé son équilibre en associant tout ce qu’il aime : l’Histoire, la foi et le territoire.
Le premier saint local qu’il étudie est Saint Jean-François Régis, un « apôtre du Vivarais et du Velay du XVIIe siècle, très connu dans la région, qui a converti beaucoup de monde », nous apprend le comédien passionné, qui a donné le prénom de Régis à son dernier fils.
2020, Covid. « J’ai dû lâcher mon local et suis allé là où on me demandait », se souvient-il. Car les conférences commencent à le faire connaître alentour : il donnera près de 50 fois le spectacle sur Saint Jean-François Régis en Haute-Loire et en Ardèche.
Piété populaire
À la fin du Covid, grâce au bouche-à-oreille, tout se développe très vite. Sainte Jeanne-d’Arc ou saint Louis n’ont plus de secret pour Joachim qui passe de longues heures à peaufiner ses personnages. Quand il présente un saint local, c’est pour « réenraciner les gens. Ils les connaissent tous, mais pas dans le détail », remarque celui qui assume ses convictions chrétiennes, même face au grand public. « En décembre 2022, j’ai joué saint Valery, dans la Somme, devant 200 personnes, à l’occasion des 1400 ans de sa mort. La mairie avait fait frapper une médaille commémorative », raconte-t-il, admiratif de cette « laïcité intelligente ».
Saint Nicolas en Alsace, sainte Colette dans la Somme, saint Marcellin en Auvergne…
Depuis deux ans, les tournées s’enchaînent. Pour la plus grande joie du public : « quand on me dit : « on a l’impression d’avoir vu tel saint en vrai », c’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire », apprécie celui qui prie l’Esprit Saint avant chaque représentation. « Je lui demande qu’il fasse de moi un bon témoin de l’Évangile. Et qu’à travers le spectacle, les gens (re)découvrent le Christ. Sans Dieu, je ne ferais pas tout ça. C’est un don qu’il m’a donné », conclut Joachim qui déborde de nouveaux projets.
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