Partons sur l’un des plus beaux tronçons des chemins de Compostelle, sur la Via Podiensis. Du Puy-en-Velay à Conques, en passant par l’Aubrac, une randonnée de 10 jours à faire à travers des paysages grandioses, que l’on soit pèlerin ou simple marcheur…
Préparez votre voyage avec nos partenaires
La Via Podiensis : l’un des chemins de Compostelle
C’est l’une des plus belles sections du chemin de Compostelle. Du Puy-en-Velay à Conques, l’itinéraire jacquaire permet de traverser sur 206 km des paysages naturels aussi diversifiés et grandioses que le volcanique Velay, la montagneuse Margeride, l’intense Aubrac et la douce vallée du Lot. Parmi ses tronçons, deux sont même classés au patrimoine mondial de l’Unesco : Nasbinals-Saint-Chély d’Aubrac (17 km) et Saint-Côme d’Olt-Estaing (17 km).
Cette section fait partie de la Via Podiensis qui est l’une des quatre voies principales du chemin de Saint-Jacques de Compostelle, avec la Via Turonensis (voie de Tours), la Via Lemovicensis (voie de Vézelay) et la Via Tolosana (voie d’Arles). Elle relie Le Puy-en-Velay à Saint-Jean-Pied-de-Port (750 km).
Si les trois premières se rejoignent à Saint-Jean-Pied-de-Port et franchissent ensemble les Pyrénées vers Roncevaux, la quatrième, la voie d’Arles, s’ajoute à elles à partir de Puenta la Reina, en Espagne, pour former toutes les quatre le Camino Francès jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle et Finisterre en continuant par le Camino de Fisterra. Là où aurait accosté le bateau menant en Galice la dépouille de Jacques : un lieu considéré par certains comme le but ultime du Chemin.
Pour en savoir plus, lire notre dossier Les chemins de Compostelle
Des premiers pas des pèlerins au GR 65
Le chemin du Puy-en-Velay est le plus ancien chemin aménagé en sentier de Grande Randonnée, il l’a été dès 1970. Portant le numéro 65, c’est un itinéraire très bien balisé en rouge et blanc par les bénévoles de la Fédération Française de la randonnée pédestre.
Si les descriptifs de cet itinéraire sont minces, les connaissances historiques, l’archéologie et les nombreux sanctuaires, ponts, abbayes et hôpitaux qui jalonnent le parcours ont permis de restituer au plus près le tracé suivi par les pèlerins médiévaux.
La légende rapporte que les pèlerins étaient si nombreux au Moyen Âge que leurs pas ont tracé le Chemin. Leurs contemporains sont ainsi plongés au cœur de l’histoire, sur les pas de Godescalc, évêque du Puy-en-Velay, le premier pèlerin non espagnol à s’être rendu sur le tombeau de l’apôtre. La Via Podiensis est la plus ancienne des voies de Compostelle. C’est Godescalc, qui en 950 a ouvert la voie en reliant Le Puy à Saint-Jacques. On ne sait pas vraiment combien de jours l’évêque a mis pour parcourir cette portion, mais aujourd’hui on peut la parcourir en 10 jours, à raison d’environ 20 km en moyenne par jour.
De superbes territoires à traverser, du Puy-en-Velay à Conques
Du Puy-en-Velay à Conques, le chemin traverse des paysages singuliers. Ainsi, on chemine à travers pléthore de croix qui avaient pour fonction, jadis, de guider les pèlerins. On peut se rafraîchir grâce aux fontaines ancestrales, dont certaines permettent même de remplir les gourdes. On découvre des cabanes de bergers, des fours à pains, des métiers à ferrer et bien sûr des burons, en Aubrac.
En partant du Velay, en Haute-Loire, le randonneur traverse un paysage de moyenne montagne (1000 m d’altitude) composé de vastes plateaux de coulées basaltiques sur lesquels poussent blé, seigle, orge et les renommées lentilles du Puy. Sur le chemin, le Velay prend fin à Saint-Privat-d’Allier.
C’est ensuite la Margeride, le plateau granitique le plus important de France. Elle s’étend sur trois départements le Cantal, la Haute-Loire et la Lozère. L’espace se fait plus grand et plus sauvage. Les terres, arides, sont parsemées de pins et de genêts. Elle se termine à Rimeize.
C’est alors que commence la grande traversée de l’Aubrac. Un périple faunique et floral d’exception. D’ailleurs, une partie du plateau est classée Natura 2000 pour la rareté de sa faune et sa flore. Aux beaux jours, on peut y admirer des jonquilles, des gentianes, des narcisses, mais encore des orchidées sauvages.
La dernière région traversée est la vallée du Lot. Le décor change totalement. Seules les vaches sont toujours présentes. Passé Saint-Chély d’Aubrac, le chemin s’enfonce dans une forêt de chênes et de châtaigniers, agréable à traverser durant les jours de fortes chaleurs. Le bitume a laissé place aux chemins qui serpentent à travers les arbres en direction de Conques.
Des coups de coeur sur le chemin de Compostelle
La bénédiction des pèlerins au Puy-en-Velay
Que l’on soit croyant ou non, en quête d’un voyage à la découverte de soi-même ou d’un défi sportif, la bénédiction des pèlerins reste la première étape – incontournable – pour se plonger dans l’univers du Chemin.
Tous les jours à 7 h précises, les randonneurs sont accueillis à la cathédrale du Puy-en-Velay, le point de départ de la Via Podiensis. Si l’écoute de textes bibliques est au programme, ce sont surtout les moments de rencontre et d’échanges qui ont la part belle durant les 1 h 30 de messe.
À la suite de la bénédiction, on récupère sa crédenciale, et éventuellement un morceau de papier portant une intention laissée par un visiteur, dans le but de le porter le plus loin possible. On peut également laisser une intention qui sera portée à son tour.
Ensuite, c’est l’ouverture des portes. Le prêtre actionne un bouton qui permet à un escalier caché au cœur de la cathédrale de s’ouvrir pour laisser passer les pèlerins et se referme ensuite jusqu’au lendemain. La cathédrale est classée au patrimoine mondial de l’Unesco et c’est aussi d’ici que sont partis les premiers croisés sous ordre d’Urbain II en 1109.
Le Domaine du Sauvage
Soixante-trois kilomètres après Le Puy-en-Velay, les forêts s’épaississent et on a l’impression de remonter le temps. Au sortir de la forêt de pins sylvestres, se dresse la majestueuse dômerie des Templiers du Sauvage, à 1300 m d’altitude. Reste 1,2 km pour l’atteindre, c’est dire si elle est grande et tant le paysage est plat.
La dômerie des Templiers du Sauvage est une ferme massive, fortifiée, qui a traversé le temps. Depuis sa création, cet édifice historique a sauvé bien des vies. Sur ce plateau où les hivers sont rudes et où les voyageurs étaient autrefois pris dans les tempêtes, la dômerie permettait aux voyageurs égarés de trouver refuge. On installait une petite lampe à huile à la fenêtre pour indiquer la direction. Bon à savoir, la dômerie abrite – toujours – un hébergement pour les pèlerins.
La traversée du plateau de l’Aubrac
« Dès que vous ne voyez plus d’arbre, vous êtes en Aubrac », assurent les gens du coin. À l’approche du plateau les forêts se font en effet de plus en plus menues jusqu’à ce que ne subsistent que quelques murs de pierres éparses et les fleurs, à la belle saison.
Ce paysage dépourvu de toute construction où les vaches paissent paisiblement ne peut être autre que l’Aubrac, et les précédentes ascensions en valent la chandelle. On traverse ce paysage où faune et flore sont maîtres sur environ 10 km, après le lieu-dit « Les Quatre-Chemins » où il ne faut pas oublier de faire le plein d’eau et de nourriture.
On est saisi par la grandeur et la sauvagerie du paysage. L’Aubrac est également granitique et, à l’arrivée vers Nasbinals, on découvrira de grands blocs sur le bas-côté du chemin. À la belle saison gentiane et narcisse parsèment le sol, en hiver c’est la neige : il vaut mieux passer côté route pour trouver un véhicule salvateur en cas de nécessité.
Estives entre Nasbinals et Aubrac
Entre Nasbinals et Aubrac, on traverse les estives à pied. Vélos et randonneurs accompagnés d’un animal doivent emprunter un autre chemin. En effet, la traversée des troupeaux, bien que non dangereuse, nécessite des dispositions particulières. Ici, ne craignez pas le taureau, mais la vache qui protège son petit.
On oublie les selfies et si une vache décide de se mettre en travers de votre chemin, trouvez-en un autre, vous n’avez pas la priorité. À part ça, la traversée est un spectacle à elle seule, avec les troupeaux qui nous regardent du coin de leurs yeux noirs ébène. On se sent tout petit face à la force et à l’immensité de la nature.
Le couvent de Malet, Aveyron
Depuis ses origines (1152), le couvent de Malet s’est refait une beauté, mais n’a pas perdu sa vocation première : l’accueil et la protection des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Il est tenu par les sœurs Ursulines depuis 1806 qui ont lancé une série de travaux et développé le côté hôtelier pour accueillir les pèlerins toujours plus nombreux. Si vous le désirez, vous serez le bienvenu pour partager la prière de la communauté. Et sur demande, il est également possible de rencontrer une sœur pour un temps d’échange, d’écoute, d’accompagnement.
Fiche pratique
Retrouvez toutes les infos pratiques, les bons plans et les adresses dans le Routard Midi toulousain et le Routard Auvergne en librairie.
Consulter nos guides en ligne Auvergne et Midi toulousain
Que mettre dans son sac ?
Sur le chemin de Compostelle, certains décident de faire porter leur sac d’hébergement en hébergement grâce aux services dédiés (la malle postale), alors que d’autres entreprennent le chemin avec. Pour ces derniers, il faut bien penser à ne pas dépasser un certain poids. On ne sent pas forcément le poids du sac le jour du départ, on conseille donc de ne pas dépasser 6 kg pour être totalement à l’aise sur la durée.
Voici les indispensables à glisser dans son sac pour 10 jours de randonnée sur la Via Podiensis. Lors des randonnées par temps de grandes chaleurs, il est intéressant d’acheter un sac à dos avec filet, pour limiter la transpiration.
Trousse à pharmacie : crème pour les pieds, crème pour les douleurs musculaires, compresses, pansement en tout genre, fil, aiguille, ciseau, pince à tique.
Produits de toilette : un pain de savon, un shampoing solide, un peigne, de la crème solaire, du papier toilette, de la lessive à la main, une serviette microfibres.
Habits : une tenue de marche, une tenue décontractée pour le soir, des chaussures de marche, des tongs, un chapeau, des sous-vêtements et des chaussettes. Les vêtements techniques sont légers et sèchent très rapidement.
Nourriture : en-cas à base de fruits séchés et fruits à coque, gourde ou poche d’eau, une boîte hermétique pour les restes.
Accessoires : un livre, une lampe de poche, des bâtons de marche.
Où dormir ?
– Gîte d’étape l’Estaou : Une petite maison en pierre dressée sur les hauteurs, loin de l’agitation de Saint-Privas d’Allier pour une nuit des plus reposantes. Pour s’y rendre, continuez sur le GR après Saint-Privas durant 1,5km. Ça en vaut la peine et se sera toujours ça de moins à faire le lendemain ! Elfed Caradog et Pascale Pothée, Combriaux, 43580 Saint-Privat d’Allier. 13 places en dortoirs-boxes fermés de 2 personnes. 15 euros la nuit, 5 euros le petit-déjeuner et 33 euros la demi-pension.
Résa. : estaou7@gmail.com 04 71 09 58 91 ou 06 48 12 63 80.
– Gîte à la ferme Itier-Martins : le sympathique Jésus accueille les pèlerins, quand il ne sillonne pas les chemins de Compostelle, dans ce gîte à la ferme avec pour toile de fond les vaches qui paissent. Il conte histoires et légendes du chemin de Compostelle qu’il connait comme sa poche. Jésus Vidal, rue des Roches, 43170 Saugues. Résa. : 06 72 75 46 48 ou 04 71 77 83 45. 15 places en 6 chambres. 28 euros nuit et petit-déjeuner, 40 euros en demi-pension. Dans Saugues, deuxième rue à gauche après la Poste sur 400m.
– Hôtellerie du couvent de Malet : À l’entrée de Saint-Come d’Olt, un lieu majestueux qui accueille les pèlerins du chemin de Compostelle depuis le XIIème siècle. Bains de pieds à l’arrivée, visite du couvent, vêpres (non obligatoire), chant des pèlerins, tout un programme ! Chambre double ou individuelle. Demi-pension 36 euros. Résa. : 05 65 51 03 20
Via Podiensis, itinéraires bis
Le chemin de Compostelle reconnaît quatre voies principales, mais également de nombreuses variantes. Dans la portion reliant le Puy-en-Velay à Conques on en compte déjà deux : celle de Bonneval et celle de Campuac.
Bonneval : peu après Aubrac, après avoir entamé la descente vers la vallée du Lot, le randonneur a la possibilité de rejoindre en 26 km l’abbaye de Bonneval (balisé en bleu clair). Un parcours splendide et sauvage à la rencontre d’un lieu magique et isolé où vivent des religieuses cisterciennes.
Campuac : après Estaing, il est possible d’emprunter le GR 6 qui fait environ le même nombre de kilomètres que le GR 65. Sympa à réaliser si on a déjà fait cette étape une première fois.
Pèlerin, randonneur ou jacquet ?
Le pèlerin est un voyageur qui effectue un pèlerinage vers un lieu saint. Jadis, on appelait les pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle des Jacquets, comme on désignait ceux se rendant à Rome comme des Romieux.
Aujourd’hui, pèlerins et randonneurs se confondent, ils sont encore des centaines de milliers à fouler les chemins de Compostelle en quête d’un voyage spirituel ou d’un défi sportif.
La fonction de cc-portes-auvergne.fr étant de collecter sur le web des articles sur le sujet de Les portes de l’Auvergne puis les diffuser en répondant au mieux aux interrogations des personnes. L’équipe cc-portes-auvergne.fr vous soumet cet article qui parle du sujet « Les portes de l’Auvergne ». Cette chronique a été reproduite du mieux possible. Vous avez la possibilité d’écrire en utilisant les coordonnées fournies sur le site pour apporter des explications sur cet article qui traite du thème « Les portes de l’Auvergne ». En consultant régulièrement nos contenus de blog vous serez informé des futures parutions.