D’après maints articles de journaux, ils étaient plusieurs centaines à marcher ensemble, samedi 10 mai à Paris, pour rendre hommage à un militant fasciste décédé, trois décennies de cela.
La ville Lumière est devenue, ce jour, une capitale européenne, celle d’un néofascisme et néonazisme totalement décomplexés. Les participants, la plupart tout de noir vêtus, défilent ainsi le visage à découvert, brandissant des oriflammes ou des vêtements sans équivoque.
Croix celtiques qui caractérisent la suprématie de la race blanche, t-shirts siglés « Deutsche Jugend Voran ! » (En avant la jeunesse allemande), des vestes « Legio Hungaria » portées par le groupuscule néonazi hongrois ultra-violent, militants revêtus des t-shirts à la gloire de la « Division Bleue » qui fut la 250ᵉ division de la Wehrmacht de l’armée nazie.
Au fait, que dit l’article R. 645-1 du Code pénal ? Que l’exhibition d’uniforme, d’insigne ou d’emblème rappelant ceux d’une organisation criminelle ou d’une personne reconnue coupable de crimes contre l’humanité est punissable si elle a eu lieu en public, c’est-à-dire de façon ostentatoire à la vue d’autrui.
On continue avec un groupe espagnol et leurs maillots « Nature hates equality » (La nature déteste l’égalité). Ou encore ceux mettant à l’honneur la Misanthropic division, une organisation néonazie créée en Ukraine en 2013… Une défilé de mode aux couleurs de IIIᵉ Reich.
Et l’article R 645-14… qu’est-ce qu’il raconte ? Est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe le fait pour une personne, au sein ou aux abords immédiats d’une manifestation sur la voie publique, de dissimuler volontairement son visage afin de ne pas être identifiée dans des circonstances faisant craindre des atteintes à l’ordre public.
Deux fois plus de monde que la précédente édition, selon Streetpress
On peut lire aussi, sur l’article très complet de Daphné Deschamps dans le média Streetpress : « En tête, deux hommes tapent sur des tambours décorés de flammes rouges et noires, similaires à ceux utilisés par les Jeunesses hitlériennes, ou des Lansquenets, mercenaires allemands du 16ᵉ siècle, un symbole du nationalisme français. Un nombre doublé par rapport à l’édition précédente ».
« Quand dans une banlieue, des jeunes maghrébins (…) finissent dans un transformateur électrique, ça provoque des émeutes. Chez nous, tout se passe bien »
Si des militants d’Allemagne, d’Espagne, de Belgique, d’Autriche, d’Italie, de Pologne et de bien d’autres nations européennes ont ainsi rallié la France pour cette mobilisation, le Puy-en-Velay a aussi été représenté par Maxime Sanial, patron de la librairie des Arts Enracinés.
Politisé depuis les dernières élections législatives dans le parti d’ultra-droite « Forteresse Europe », le libraire de la rue Raphaëlle cautionne pleinement la présence de cette mobilisation. « C’était important de participer pour rendre hommage à la mémoire d’un militant d’extrême droite Sébastien Deyzieu, explique Maxime Sanial. Il a été poursuivi et tué par la police à cause de ses idées ».
Il ajoute : « Quand dans une banlieue, des jeunes maghrébins se font poursuivre par les forces de l’ordre et finissent dans un transformateur électrique, ça provoque des émeutes. Chez nous, il n’y a pas de débordement. Chez nous, tout se passe bien ».
Reconnaître les symboles fascistes, néo-nazis et ultranationalistes ▼
« Personnellement, je n’ai jamais utilisé la croix celtique comme symbole »
D’après ses dires, c’est la première fois qu’il participait à la marche qu’il qualifie de regroupement des « nationalistes révolutionnaires prolétaires ». À la question de savoir s’il avait conscience que certains drapeaux et idéogrammes pouvaient choquer le monde par leur signification, il se défend ainsi : « Pourquoi les nationalistes n’auraient pas le droit d’afficher leurs propres symboles ? La Croix celtique n’est pas interdite, il me semble ».
Avant de certifier : « Et personnellement, je n’ai jamais utilisé la croix celtique comme symbole ». Chose un tantinet fausse où l’on voit Maxime Sanial, devant sa librairie, avec la fameuse croix noire accrochée sur son torse.
« Les gens en ont assez et osent à présent exprimer clairement leurs idées »
Pour expliquer la densité de la manifestation qui a, selon Maxime Sanial, réuni près de 2 000 personnes ce samedi 10 mai, le libraire analyse le phénomène en ces termes : « Je pense que les temps s’avèrent de plus en plus difficiles. Les gens en ont assez et osent à présent exprimer clairement leurs idées. Et ceci, partout dans le monde ».
Dérangeante est tout de même cette panoplie de drapeaux et d’insignes racistes, tenus par des participants la plupart cagoulés, déambulant dans cette capitale et ce pays qui fêtaient, seulement deux jours avant, le 80ᵉ anniversaire de la défaite de l’envahisseur nazi. Est-ce que la malheureuse Histoire de l’Homme recommence ?
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