Bien peu sans doute connaissent Daniel Narcisse Ndongo Ottou – c’est le nom figurant sur sa carte de résident – plus nombreux sont ceux qui ont souvent croisé Octobre au Puy-en-Velay, à la salle de sport ou dans un café en ville, entouré d’une poignée d’amis.
À Yaoundé, capitale du Cameroun où il est né il y a quarante ans, il n’est pas rare qu’on adopte pour sobriquet chez un enfant, son mois de naissance qu’il conservera ensuite toute sa vie. Depuis sa venue en Haute-Loire il y a dix ans, Daniel Narcisse se fait aussi appeler « Colonel dan ».
Le terme de « Colonel » dont on l’affuble reste un peu énigmatique. En revanche, « dan » rappelle son passé en Afrique de brillant judoka. Ceinture noire de judo, plusieurs fois médaillé d’or au Cameroun, Octobre est un poids lourd qui n’a jamais pu en France s’exprimer dans sa discipline. Difficile en effet de trouver partenaire correspondant à sa catégorie (130 kg). Qu’à cela ne tienne, le quadragénaire impressionne désormais en musculation. Reconnu comme un sportif accompli au Puy, Octobre est toujours resté plus discret sur ses qualités d’artistes.
S’il a tenté jadis de percer dans le cinéma, il possède d’autres cordes à son violon, comme la chanson et la musique. Le voilà aujourd’hui qui renoue avec ce qu’il appelle son « métier » d’auteur-compositeur et ses jeunes années, en sortant un clip, plutôt réussi, qui a été tourné, récemment au Puy, sa ville d’adoption. Le Clip fait ses gammes sur la plateforme YouTube où il vient d’être diffusé.
Émilie et Cessa l’accompagnent
Avec ses frère et sœur de scène, Émilie la métisse qui danse dans le clip (elle travaille dans un commerce d’alimentation en ville), et Cessa le rappeur guadeloupéen (partageant avec le Camerounais la passion du sport), Octobre interprète, en Français et en Beti (l’une des nombreuses langues locales du Cameroun) la chanson Toi-même tu sais. La cathédrale du Puy et Saint-Joseph d’Espaly ont servi, après autorisation des autorités ecclésiastiques, de cadre au tournage. Sur cette world music aux accents de reggae, Octobre dit s’inspirer du rappeur zaïrois Youssoupha « un vrai porteur de messages ». Comme lui, le Camerounais cherche à « apporter de l’espoir à ceux qui pensaient l’avoir perdu ». Car l’artiste lui-même, sait que « rien n’est éternel dans la vie ». Il connaît « le côté sombre et positif à la fois de l’existence ». Il a compris qu’il convenait à tout prix de fuir la solitude, source de bien des maux. La foi catholique fut aussi une source d’inspiration pour Octobre, le colosse au grand cœur.
La lumière après des années d’errance ?
S’il signe les paroles et les interprète, l’artiste a fait appel à une connaissance de son pays pour les arrangements, après des premiers essais réalisés au Puy et à Lyon. Une partie de son RSA (Revenu de solidarité active) a servi à couvrir les frais du clip. Octobre assure avoir désormais en préparation une deuxième chanson, encouragé par cette première initiative. « Avec de la volonté, on peut soulever des montagnes. Tout vient à point qui sait attendre », chante le sage Octobre partant de sa propre expérience.
En situation régulière sur le territoire, mais de fraîche date seulement, l’artiste sportif a passé son permis de conduire. S’il est fier désormais de signer une première œuvre en France, il rencontre toujours des difficultés d’insertion. Cette dernière passait ces derniers temps par la case Emmaüs. « Je ne peux pas justifier de cinq années de situation régulière sur le territoire pour envisager un travail dans la sécurité », regrette l’ex-judoka à la carrure impressionnante et qui se verrait bien dans ce secteur d’activité. Quant à devenir coach sportif, autre aspiration, cela reste pour lui encore un rêve inaccessible faute de pouvoir financer une formation.
Octobre a vécu des années d’errance entre Yaoundé et Le Puy, à franchir des frontières comme tant d’autres migrants. Il est passé par plusieurs pays : Turquie, Grèce, Autriche, Serbie, Hongrie, puis par un camp de réfugiés pour demandeurs d’asiles en Allemagne où il est resté une huitaine de mois, sans attendre la fin de la procédure. Car entre-temps, en contact avec une Camerounaise, dont le compagnon à l’époque était Ponot, il a été accueilli pour la première fois en Haute-Loire. Octobre est père de deux enfants de 10 et 11 ans au Cameroun qu’il aide comme il peut et qu’il retrouvera un jour quand sa situation sociale et financière le lui permettra. Le clip, « son » clip, entretient assurément cet espoir.
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