Durant plus de deux heures, des débats animés ont agité la salle, plus que pleine, de l’atelier « Comment le syndicalisme peut accompagner le développement des organisations de producteurs ? », lors des Assises de la Fédération nationale de producteurs de lait (FNPL), le 11 décembre au Puy-en-Velay (Haute-Loire). Difficile d’en dégager réellement des pistes de travail puisque les éleveurs ont déjà du mal à s’entendre entre eux, à moins d’une forme de constat partagé : « Si on ne fait rien, les OP vont mourir ! »
Des exemples d’organisations ailleurs
Christine Goscianski, économiste à l’Institut de l’élevage (Idele), a mis en avant différents exemples de fonctionnement de relations entre producteurs et industriels, en Allemagne, aux États-Unis, aux Pays-Bas et en Nouvelle-Zélande. Le Québec et la Suisse ont également été présentés par des membres de la FNPL. Mais ces éléments n’ont pas inspiré la salle, avec un modèle français définitivement unique et différent, selon les producteurs. Michel Rohrbach, président de l’Organisation de producteurs de lait Seine et Est (Oplase), a alors expliqué la construction de la société anonyme Oplase, montage sociétaire pour échanger d’égal à égal avec les industriels, avant tout Eurial.
Difficile gestion d’une OP
La SA gère la facturation, possède un compte en banque et a fait 90 € de bénéfice cette année pour un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros. « Nous avons donné les outils aux producteurs et le producteur prend la décision et la responsabilité », relève-t-il. Il évoque également la fatigue, en tant que président d’OP, de gérer bénévolement les relations entre producteurs et industriels. « Nous avions sous-estimé le travail », reconnaît-il. Aujourd’hui, trois salariés à temps partiel travaillent dans la SA qui gère la facturation et la collecte. « On est soudé entre nous », lance Michel Rohrbach, avant d’aborder le « problème de la guéguerre des OP ». Il évoque également les relations avec la banque, qui ne connaît rien aux OP, et la façon dont la trésorerie de la SA a été construite en jouant sur les délais de paiement. Pour lui, l’enjeu se porte aujourd’hui sur la propriété des tanks à lait par les éleveurs et des camions de collecte, avec indirectement un besoin financier nécessaire au développement des OP.
Un besoin de structuration
« Si tu n’es pas propriétaire de ton tank, tu ne commences pas le business ! », affirme le président de l’Oplase. « Le sujet des tanks est un autre sujet ! C’est du cas par cas. Le vrai sujet est de réaliser la facturation. […] Le problème, c’est plusieurs OP pour un même transformateur ! Il faut un seul interlocuteur pour un seul transformateur », répond du tac au tac Ludovic Blin, premier vice-président FNPL. « Nous avons deux OP et on s’y retrouve à 2 ou 3 € d’écart de prix près, rétorque Jérémy Epalle, président de l’OP Danone Sud-Est. Il faut que partir de l’OP soit plus compliqué car le vrai problème ce sont les contrats individuels. Les industriels nous savonnent la planche. La reprise en main de la facturation est très compliquée. […] Nos OP ont du sens d’avoir plusieurs casquettes, plusieurs acheteurs ». Ghislain de Viron, vice-président de la FNPL, reprend : « Nous n’avancerons pas sans avoir la gestion des volumes. Le problème, c’est que les producteurs sont fiers de livrer à un industriel comme Danone ou Lactalis. Ils ne sont pas fiers de livrer à une OP. » Pour Loïc Adam, président de France OP Lait, « c’est à l’OP d’aller chercher les producteurs sur le terrain. Le réseau doit partir du conseil d’administration ». Christian Mochet, adhérent APLBL, s’exclame : « Il ne faut pas trop pousser les OP. Je ne baigne pas dedans, mais il ne faut pas que cela devienne de mini-coopératives. Ne montons pas des structures trop lourdes, avec des charges de personnel. Est-ce que le jeu en vaut vraiment la chandelle ? »
Qui pour financer et accompagner ?
Une petite voix, au loin, de l’un des trois plus jeunes éleveurs présents dans la salle se fait entendre : « Vu la hauteur de la marche, il nous faudra au moins dix ans pour arriver à faire tout cela. Gérer la facturation, les données, la collecte, monter une trésorerie, cela demande une structure solide. » Et Pascal Niza, président de la FRSEA Ouest, d’implorer : « Qui peut nous aider car il y a urgence ? ». Et, comme le temps est passé et qu’il est temps de partir, le sujet de la place des OP au Cniel revient au milieu d’un brouhaha de chaises : « Toutes les OP doivent être présentes au Cniel », lance Loïc Adam. « Non, cela va les fragiliser », rétorque Pascal Niza. Les débats semblent loin d’être clos et font écho à ceux déjà présents il y a dix ans.
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