La saison démarre sur les chapeaux de roues avec les ponts de mai sur le GR65 où le chemin sert de prétexte à la rencontre.
C’est inscrit sur la stèle posée en arrivant à Aubrac et photographiée par les randonneurs : « Dans le silence et la solitude, on n’attend plus que l’essentiel. » Tout est déjà écrit. Telle est la quête de ces âmes qui n’ont rien d’errantes venues aux quatre vents des quatre coins du monde. « On ne sait pas pourquoi on fait le chemin mais il fallait le faire maintenant sans attendre la retraite qui est chez nous à 67 ans », glissent deux amies Belges.
Avec son patrimoine, chemins et monuments, classé à l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), le GR 65 du Puy-en-Velay à Compostelle, en particulier jusqu’à Conques, tutoie le GR20 Corse en termes de fréquentation, tous deux vertigineux par leur beauté. « Les gens sont ébahis quand ils arrivent ici », confie Nathalie Moulin qui dirige la Maison de l’Aubrac (avec Ingrid, Elodie et Philippe), en montrant le panorama avec son balcon sur le vert. « Les gens ont du mal à repartir », constate Cyril Lérisse qui accueille les randonneurs dans sa Colonie.
En quête d’essentiel
Le temps est suspendu en réponse à Lamartine car l’essentiel est bien là, sous les yeux. « Je suis à la retraite depuis le 1er octobre dernier. Je me suis décidé à partir seul sinon je ne partais jamais », raconte Thierry qui fête ce jour même de la rencontre, le 2 mai, son soixante et unième anniversaire. Venu de Rouen en Normandie, il effectue le chemin comme il se doit : la Credential (appelée aussi créanciale) obtenue à la cathédrale du Puy-en-Velay, la coquille accrochée à son sac à dos, Thierry marche. Et parle comme parle le vent ce jour-là sur le plateau. Marcher fait penser. Il tient son journal comme un carnet de bord. « On m’a dit, tu ne vas pas partir seul quand même ? Mais on n’est pas seul. Ici, sur le chemin, on se parle. Les pèlerins n’ont pas la tête sur les écrans », poursuit Thierry. Si, lui aussi, comme les autres, n’a pas la réponse à la question sur le pourquoi de faire le chemin c’est que la réponse est ailleurs. Dans la rencontre. « Avant de partir, je me suis dit, c’est le retour à l’essentiel. Et là, j’arrive devant la stèle à Aubrac où je lis : Dans le silence et la solitude, on n’attend plus que l’essentiel. » Le chemin est l’évidence.
Des milliers à partager un moment de vie
Et seul, Thierry ne l’est sûrement pas. Motards et cyclistes se croisent sur l’Aubrac qui rime avec Saint-Jacques quand les pèlerins se retrouvent au milieu sur le plateau. Cela fourmille même au hameau d’Aubrac. Des milliers d’êtres vont se parler (ont déjà commencé), vont partager un moment de vie, sur ce grand chemin qui fait rimer cette fois, essentiel avec Compostelle. « La saison s’allonge depuis quelques années de mars à octobre », résume-t-on au bureau de l’office de tourisme de Saint-Chély-d’Aubrac. Les burons filent à nouveau l’aligot pour une pause bien méritée. Pour Thierry, ce sera même le grand soir. « J’ai décidé de me faire plaisir pour mon anniversaire. Je loge à l’hôtel des Coudercous à Saint-Chély. »
Tenu par les bienveillants Élise et Vianney Deprez qui ont eu la bonne idée de s’installer sur l’Aubrac juste avant le Covid. Un signe. Et un excellent choix qui répond à la liste de ses envies. Les gîtes ne manquent pas comme ce groupe adepte du yoga qui fera sa halte dans l’écologîte d’un autre Thierry, Noguéro.
Le tout est de trouver chaussure à son pied. Cela tombe bien, en descendant du plateau, Frédéric Salé propose ses chaussures sur mesure, adaptées à la marche, dans ses nouveaux locaux d’Aubrac Bottier à Saint-Côme-d’Olt. Au 22 avenue Saint-Geniez, plus proche encore du chemin de Saint-Jacques.
Le spirituel et la beauté
Plus proche encore de l’essentiel qui rime enfin avec spirituel. « J’ai de plus en plus demandes », se réjouit celui qui vient de mettre au point deux créations, Vulcain et Magma, pour répondre à leurs besoins. Un pied est aussi essentiel qu’une tête bien faite.
L’Aubrac était un volcan où chaque pèlerin devient une pierre qui roule. Toutes ces pierres formeront une chaîne d’union qui ne cessera de s’agrandir quand pointera la transhumance le 25 mai avec des centaines de personnes venues célébrer la beauté. La sérénité. Cela vaut bien une messe.
Ou un film, c’est selon. Il y a eu celui de Coline Serreau voici vingt ans. Bientôt ce sera Compostelle dont un casting a lieu ce mercredi 7 mai à Espalion pour accompagner Alexandra Lamy, originaire des Cévennes. Après Antoinette, ce sera donc Alexandra chez les Aubraciennes.
Le chiffre
35 850, c’est le nombre de randonneurs au Puy-en-Velay au départ du GR65 en 2024. Ils sont 21 329 à Conques, 16 663 à Firmi, 14 403 à Limogne-en-Quercy, 11 922 à Saint-Antoine.
Le parcours aveyronnais est donc l’un des plus empruntés en attendant de connaître la fréquentation de l’éco-compteur sur l’Aubrac.
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